La Playstation 4 débarque « enfin » au Japon !


Et oui, depuis le samedi 22 février, la Playstation 4 s’installe désormais dans les foyers japonais. Mais que ce fut laborieux mes amis.
Jamais la sortie d’une console de salon japonaise ne fut aussi chaotique que celle de la petite dernière de Sony. Ayant eu la chance de suivre le feuilleton Playstation 4 durant prêt d’un an au Japon et d’avoir pu assister à sa sortie dans la nuit du vendredi à samedi, voici quelques début d’explications.

Ceux qui ont déjà eu l’occasion de prendre le métro au Japon ces trois dernières années ont tous certainement pu constater une chose, il y a désormais bien longtemps que les japonais ont troqués leurs Nintendo DS ou PSP contre des smartphones ou tablettes pour combler l’ennui des longs trajets quotidien. Le phénomène Monster Hunter, véritable raz de marée au milieu des années 2000 n’est plus qu’un domaine de niche que seul les gamers osent encore abordés. Pokemon et toute sa bande cartonne toujours, mais on préfère encore y jouer chez soi.
Non, la véritable nouvelle mode reste avant tout le jeux vidéo sur smartphone. Du jeune adolescent à la mère de famille, tout le monde semble conquis par le « tout en un » numérique sont la puissance graphique n’a plus rien à envier aux consoles nomades « classiques » du marché. On télécharge son jeu à moindre coût, on y joue rapidement dans le métro, on consulte ses e-mail en même temps, on interrompt sa partie à tout moment, bref le summum dans une société qui n’a désormais plus vraiment de temps à consacré à des jeux vidéos de plus grande ampleur.

Résultat des comptes, le marché des jeux vidéos dit « classique » au Japon traverse une crise sans précédent depuis bientôt une bonne dizaine d’années au Japon. Faisons parler les chiffres, il s’est vendu plus de deux fois moins de Playstation 3 (9 millions) que de Playstation 2 (23 millions) au Japon sur un même laps de temps. La demande des joueurs n’y est plus et les éditeurs japonais cherchent désespérément des raisons de justifier des investissements et des coûts de développement de plus en plus onéreux sur des consoles HD nouvelles générations, alors qu’un simple jeu amateur sur iphone se vend en quelques semaines à plusieurs millions d’exemplaires sans promotion ni distribution. Bref, en moins de temps qu’il n’en faut, le marché japonais est clairement devenu la dernière roue du carrosse, clairement dépassé par les marchés américains et européens qui ne semblent eux pas connaître encore de véritable crise (la PS3 s’est vendu trois fois mieux sur le marché européen que japonais, chose encore impensable il y a juste une décennie).

C’est dans ce contexte morose l’annonce de la sortie de Playstation 4 est officialisée par Sony l’année dernière. La nouvelle fait grand bruit au Japon, l’une des plus grandes entreprises de l’industrie japonaise, fierté nationale avec l’incontournable walkman dans les années 80, annonce que les consommateurs japonais seront les derniers servies. Pire encore, certains pays d’asie pourront se procurer le dernier bébé de Sony avant même les japonais. L’humiliation est suffisamment profonde pour provoquer la colère des joueurs japonais sur internet. Certains en appel même au boycott de la marque. Une réaction qui peut paraitre quelque peu excessive en Europe, mais il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une première au Japon.
Souvenez-vous, il avait fallu prêt de deux ans pour que la Super Nintendo pointe le bout de son nez en France et plus d’un an pour que la Playstation 2 débarque dans les Virgin Megastore de Paris.

Sony ne semble pas vraiment vouloir arranger les pots cassés sur leur terre d’origine, multipliant au contraire des bourdes de communication. La campagne marketing sur la console était presque inexistante un mois avant la sortie de la console. La campagne de pré-réservation est lancée sans grand enthousiasme, les revendeurs sentant déjà le pétard mouillé à plein nez.
Il faut dire que les éditeurs japonais se font plutôt discret pour la console de Sony. Hormis « Yakuza Ishin », jeux PS3 optimisé pour la sortie de la PS4, le line-up n’est pas tr-s attrayant pour le consommateur japonais. Pourtant Sony préviens à quelques jours du lancement, il n’y aura malheureusement pas assez de stock pour tout le monde. Coup de poker ou coup de bluff ?

Après quelques hésitations, je décide tout de même de faire le déplacement à Akihabara pour prendre la température. Ne soyons pas mauvais langue, de nombreuses personnes font la queue devant le Yodobashi Camera (plus grand magasin d’électronique du Japon), mais rien de comparable avec les fastes années de la Playstation 2 ou encore de la PSP. L’attente se passe dans le calme, on se réchauffe comme on peut avec des thermos de café ramené par la famille ou en tuant le temps avec son…….smartphone.

Plus tard dans l’après midi, le constat est sans appel, la quasi majorité des grandes boutiques de Tokyo ont encore un larde stock d’invendu. Les vendeurs se plient en quatre dans la rue pour rabattre les derniers acheteurs et écouler le stock restant. Plus inquiétant pour Sony et les revendeurs, même si les consoles trouvent tout de même preneurs, les piles de jeux ne semblent pas réellement s’écouler sur les comptoirs. Chose incroyable, je tombe même nez à nez avec un premier modèle d’occasion seulement quelques heures après la sortie de la machine. Bref, on ne sait pas trop quoi penser de l’évènement qui s’annonce en demi-teinte.

Lundi matin, les premiers chiffres tombent dans la presse japonaise, 322 083 exemplaires vendus à la sortie (sur 500 000 machines disponibles le jour J). Même si l’on est évidemment loin des scores d’antan (630 552 ex le premier jour), forcé d’avouer que Sony a clairement limité les dégâts. Une performance même étonnante au regard de la maladresse avec laquelle la console fut introduite sur le marché japonais. Nous sommes tout de même très loin du désastre de la sortie de la PS3 en son temps, qui n’avait trouvé qu’à peine 83 000 preneurs le jour de sa sortie.

En tout cas, souhaitons bonne chance à la petite dernière de Sony, et nous ne pouvons qu’espérer quelle relance un marché devenu de plus en plus morose au Japon.

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